Maladies et traitements de l'olivier, Mouche de l'olive

Catégorie : Agriculteur Publication : mardi 18 février 2014

Mouche de l'olive :  (Bactrocera oleae, Dacus oleae)

Se compte parmi les ravageurs les plus redoutables et les plus dommageable pour l’oliveraie, car la femelle pond son oeuf dans l'olive, puis ces larves se nourrissent pendant 15 jours du fruit, ses attaques entraînent une chute importante des olives ainsi qu’une détérioration de la qualité de l’huile. La mouche de l’olivier ou le Dacus Olea se développe à l’époque ou la température devient plus clémente et vit exclusivement aux dépend de l’olive. Ce ravageur occasionne des dégâts très importants. Il pond ses oeufs dans l’olive contrairement à la Teigne qui pond sur la fleur ou sur l’olive. Le traitement préventif pour combattre ce parasite se fera au mois de Juillet après la chute des pétales par Pulvérisation d’un mélange attractif et d’insecticide, il faut procéder par un piégeage pour détecter l’apparition de la mouche, il y a trois générations par an.

La mouche de l'olive ressemble effectivement à une petite mouche de 5 mm de long. Elle possède des ailes parfaitement transparentes avec un petit point noir à leur extrémité. C'est là son signe distinctif. On peut aussi la reconnaître à son corps marron clair rayé de deux bandes noires sur l'abdomen.

Selon les conditions climatiques, trois à cinq générations se succèdent de juin à octobre.

La femelle pond un oeuf à la fois dès que les olives ont atteint une taille de 9 ou 10 mm de long, c'est à dire dès le mois de juin pour les oliveraies situées au niveau de la mer. Comme elle pondra jusqu'à trois ou quatre cent fois dans sa vie, c'est plus d'un demi kilo d'olive qui sera perdu pour chaque individu. Son pouvoir de nuisance est encore multiplié par le fait que sa descendance aura le temps de se reproduire deux fois avant le début de l'hiver.
La femelle pond en enfonçant son "ovipositeur" dans la peau de l'olive. C'est un dard très fin dont la piqûre est pratiquement invisible. De l'oeuf minuscule,qui se developpe sous la peau de l’olive et l’asticot, sortira au bout de deux jours, une petite larve qui se nourrira de la chair de l'olive en creusant une galerie.

Neuf jours après sa naissance, l'asticot est prêt pour sa métamorphose en mouche. Cela se fera à l'intérieur même de l'olive et prendra dix jours environ. L'insecte sortira alors en faisant un trou de 1 mm dans la peau de l'olive. Ce trou est parfaitement visible et caractéristique, il forme une petite tache brune aux bords nécrosés.

Si vous avez bien calculé, vous avez trouvé qu'une mouche a donné naissance à un rejeton prêt à se reproduire au bout de vingt et un jours. Cela bien sur lorsque les conditions ont été optimum pour lui, c'est à dire par une température moyenne de 25 degrés.

Les dégâts engendrés par la mouche de l'olive sont à la fois d'ordre quantitatif et qualitatif

-Dégâts quantitatifs : le développement de la larve à l'intérieur de l'olive affecte directement l'alimentation du fruit, sa maturation et sa force d'attachement au pédoncule, provoquant ainsi une chute accélérée.

 

Dégâts qualitatifs : En mettant la pulpe de l'olive au contact de l'air et des déjections de la larve, les dégâts de mouche conduisent à une altération de la qualité de l'huile, facilement détectable au goût et par une augmentation de l'acidité, de l’indice de péroxyde et du K 232.

 

Comptage des degats

 

  • Trous de sortie

Quand on parle d’olives piquées dans le langage courant on veut généralement parler d’olives présentant un trou de sortie de la mouche. Ce trou de 2 mm de diamètre est facile à repérer. Si l’épicarpe translucide est présent, la mouche est encore présente dans le fruit sous forme de pupe. Si le trou est bien ouvert la mouche est sortie, elle est en vol dans le verger ou pupéfiée au sol.

  • Piqûres de ponte

Les piqûres de ponte se caractérisent par une tâche brune d'un demi-millimètre de diamètre en forme de triangle ou d'ovale. La mouche peut faire une piqûre de ponte sans y déposer d’oeuf ou sans qu’il y ait éclosion et développement larvaire. Ce phénomène se constate particulièrement pendant les épisodes de forte chaleur soit parce que la femelle fait un trou pour s’hydrater, soit parce que l’oeuf avorte. C'est pour cette raison que l'observateur devra prélever quelques olives, soulever la peau sous la piqûre avec un couteau et vérifier avec une loupe la présence d'un oeuf ou d'une galerie creusée par l'asticot. Ce dernier est très petit lorsqu'il sort de l'oeuf.


Remarque : il existe d'autres insectes (punaises,...) qui percent la peau de l'olive pour se nourrir de son jus.


Comment compter les olives?

Pour réussir votre comptage, il faut qu’il soit représentatif de l’ensemble du verger et que vous utilisiez la même méthode à chaque fois, nous vous proposons de :

  • Déterminer un itinéraire dans le verger : en général, un zig-zag ou une grande diagonale sont satisfaisants. Il faut éviter les arbres des bordures.
  • Réaliser les observations le long de cet itinéraire.
  • Pour chaque observation :Sur les petits vergers faire 4 observations de rameau par arbre sur 4 expositions différentes.
    • Prendre les rameaux à hauteur d'homme,
    • Observer les 10 olives le plus proches de l'endroit où l'on tient le rameau,
    • Compter celles avec une piqûre de ponte et un développement larvaire,
    • Compter celles avec un trou de sortie,
    • (On peut aussi compter les piqûres stériles, mais dans ce cas, ça fait beaucoup de choses à compter)?
  • Sur les grands vergers faire 1 observation par arbre en changeant d'exposition chaque fois que l'on change d'arbre.
  • Après 20 observations (donc 5 arbres sur les petits vergers ou 20 arbres sur les grands) on a une observation de 200 olives généralement suffisante pour une première approche.
  • Pour affiner le résultat on peut échantillonner sur 30 observations (=300 olives) ou 40 observations (=400 olives).
  • Si votre verger est composé de plusieurs variétés, recommencez l’opération en n’observant que les arbres de variétés sensibles.

Les paramètres favorables au développement de la mouche

Les paramètres favorables au développement de la mouche sont :

  • Le climat : hiver doux, printemps précoce, été sans chaleur excessive, automne doux permettent à la mouche de bien se développer. Si l’humidité est élevée, les conditions deviennent idéales (2006, 2007 et surtout 2011 en France) ! Inversement après un hiver très froid (Février 2012 en France) ou, si l’été est caniculaire et/ou très sec (2003 en France), la population de mouche se développe peu.
  • Les zones précoces : leur micro-climat y est plus favorable, il y a donc moins de mortalité hivernale et une activité plus intense des insectes en été. Il s’agit du littoral et de certains bassins particulièrement exposés.

Inversement, les zones au-dessus de 300 mètres d’altitude, moins précoces et au climat plus rude, sont peu propices à un développement important de la mouche.

  • Les variétés : En règle générale, les variétés précoces sont plus attaquées que les variétés à petits fruits. Les variétés ascolana, lucques, amygdalolia, bouteillan, belgentieroise, boubal, grossane sont particulièrement attractives pour la mouche. Les variétés tardives comme l’aglandau le sont moins. Cependant, nous ne connaissons pas de variété qui ne soit pas attaquée si la population de mouche est importante.
  • L’irrigation : l’apport d’eau aux oliviers permet d’obtenir des fruits plus précoces, donc plus attirants pour la mouche. Par ailleurs, l’eau est indispensable dans l’environnement de la mouche. L’irrigation favorise donc sa survie dans le verger.
  • La taille peut jouer un rôle positif en améliorant l’aération de l’arbre, mais elle peut être négative si en réduisant la charge elle favorise une augmentation de calibre des fruits. En effet les olives plus grosses sont plus précoces et donc attaquées en priorité par la mouche.
  • Methodes de luttes  

Pour que la lutte contre la mouche de l'olive soit vraiment efficace, il faudra l'entreprendre de bonne heure afin de ne pas laisser la première génération se développer. En général, il faudra s'en préoccuper dès le mois de juin pour les oliveraies les plus basses et juillet ou août pour celles situées à plus haute altitude.
Un réseau de surveillance a été mis en place et des avis d'alerte sont diffusés régulièrement dans la presse spécialisée.

La détection des vols de mouche se fait à l'aide de piège à phéromone.
Sur le fond de ce piège est disposée une plaque de carton enduite de glue. Une petite capsule de phéromone attire les mâles de la mouche qui finissent par s'engluer sur la plaque.
Le comptage est fait deux fois par semaine, depuis le debut juillet jusqu'à fin octobre. Les organismes oléicoles collectent ces résultats et diffusent les bulletins d'alertes si nécessaire.

On peut aussi faire la surveillance soi même en accrochant dans quelques arbres et sur une branche exposée au sud sud-ouest, un piège à guêpe rempli de phosphate d'ammoniaque dilué dans de l'eau à 50g/litre.
Les attaques de la mouche de l'olive sont très variables selon les années. Cela est dû au fait qu'elle est très sensible à la température. Elle ne supporte pas celles supérieures à 42 degrés.

D'autre part, l'espèce se perpétue l'hiver sous forme de pupe (l'équivalent du cocon chez le papillon) enterrée à 5 ou 10 cm dans le sol. Une terre gelée en profondeur lui sera fatale.

La lutte la plus efficace est un traitement partiel de l'arbre avec un mélange d'attractif alimentaire, le "Buminal" (1,2 cl par litre d'eau) et d'un insecticide le fenthion , et le diméthoate  à la dose de 0,6 cl par litre d'eau. A grosses gouttes, on asperge une branche exposée au sud, sud-ouest, de préférence le matin ou le soir. Le traitement doit être renouvelé tous les quinze jours jusqu'aux premiers froids et particulièrement après une forte pluie. Un petit truc bien utile : marquez la branche traitée en y attachant une ficelle de couleur. Cela permettra de la reconnaître à chaque traitement, surtout si ce sont plusieurs personnes différentes qui s'en charge.
On peut aussi traiter l'ensemble de l'arbre lorsque les bulletins d'avertissement agricoles signaleront un vol de mouches important. On utilisera une solution d'insecticide, par exemple "Lebaycid" à 75cc/hl sur la totalité de la frondaison.
Ce traitement à l'inconvénient de tuer aussi les insectes utiles et d'aggraver la situation les années suivantes non seulement en ce qui concerne la mouche mais aussi les autres insectes nuisibles de l'olivier.

La luttre biologique

L'action des auxiliaires sur la mouche est trés limitée. On peut cependant citer l'hyménoptère Psyttalia concolor, parasitoïde de la larve et Mantispa pagana, prédateur généraliste trés présent dans les vergers français.

D'autres hyménoptères sont connus (Pnigalio mediterraneus, Eupelmus urozonus...) mais leurs niveaux de population sont faibles, et ils ont besoin d'un environnement diversifié et peu traité pour être efficaces. Le projet INULA, de l’INRA France étudie ces dynamiques.

 

 

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