Maladie de Newcastle (NCD) chez la volaille:

La maladie de Newcastle (Newcastle Disease, ND), ou pseudo-peste aviaire, est une maladie virale hautement contagieuse qui peut affecter un grand nombre d'espèces aviaires et causer de sévères pertes économiques dans de nombreux pays. L'agent responsable est appelé virus de la maladie de Newcastle (Newcastle Disease Virus : NDV) ou paramyxovirus aviaire de type-I (Avian paramyxovirus type 1, APMV-I). Les premiers cas de ND ont été décrits en 1926 à Java, en Indonésie (Kraneveld, 1926) et à Newcastle-upon-Tyne, en Angleterre (Doyle, 1927).
L'impact économique du NDV est énorme et ne doit pas uniquement être mesuré en termes de pertes commerciales directes (mortalités). Dans les pays développés indemnes de la maladie, les mesures de contrôle, telles que la vaccination, et les tests répétés afin de maintenir leur statut indemne représentent une perte énorme pour l'industrie avicole. Dans les pays en voie de développement où les œufs et la viande de volaille constituent la principale source de protéines alimentaires, le NDV, de par sa circulation endémique, représente un frein au développement de la production avicole.
En termes de santé publique, parallèlement à sa contribution à la malnutrition, la ND est considérée comme une anthropozoonose mineure. La transmission à l'homme est anecdotique et se traduit par une infection oculaire, telle qu'une conjonctivite, des paupières oedémateuses et des larmoiements. Des maux de tête et de la fièvre sont parfois observés, accompagnés ou non de conjonctivite (Capua et al., 2004).
l'agent pathogéne
Le NDV est un virus enveloppé qui fait partie du genre récemment décrit des Avulavirus appartenant à la famille des Paramyxoviridae (Alexander, 2003). Cette famille de virus se caractérise par une capside de symétrie hélicoïdale et par un ARN monocaténaire non segmenté de polarité négative. Neuf sérotypes ont été identifiés au sein des paramyxovirus aviaires (APMV-1 à APMV-9), le NDV appartenant au sérotype 1. Ce virus présente de grandes diversités génétiques, ces dernières étant associées à l'origine spatio-temporelle ainsi qu'à l'espèce hôte des différentes souches. Ainsi, le séquençage du gène de la protéine de fusion F a permis d'identifier au moins six lignées distinctes de NDV (lignées 1 à 6) (Aldous et al., 2003), tandis que l'analyse génétique complète du génome a révélé l'existence de deux divisions majeures, à savoir les classes I et II, la seconde classe pouvant être subdivisée en huit génotypes (génotype I à VIII) (Czegledi et al., 2006). Bien que toutes les souches de NDV appartiennent au même sérotype (APMV-1), ces variations génétiques pourraient avoir un impact sur l'antigénicité et donc sur l'efficacité des campagnes de vaccination (Miller et al., 2007).
La virulence des souches de NDV varie fortement selon l'espèce aviaire hôte. Les canards et les oies (Ansériformes) peuvent être infectés mais ne montrent que peu ou pas de signes cliniques, tandis que les poules et les dindes (Galliformes) sont hautement sensibles. Les pigeons peuvent également être infectés par des paramyxovirus de pigeons, ceux-ci pouvant par la suite s'adapter aux volailles. Les oiseaux sauvages sont quant à eux considérés comme des hôtes réservoirs. Chez les poules, le pouvoir pathogène du NDV diffère cependant d'une souche virale à l'autre. Ainsi, les souches virales ont été classées en cinq pathotypes sur base des signes cliniques observés chez les volailles infectées expérimentalement (Alexander, 2003).
les signes cliniques observables
La durée d’incubation de la maladie est d’une semaine en moyenne. Les symptômes sont variables selon la virulence et le type de souche virale mise en jeu, la réceptivité et la résistance individuelle des sujets atteints.
Cependant on distingue classiquement 4 formes d'expression de la maladie :
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Une forme suraiguë au cours de laquelle les animaux décéderont très rapidement après avoir présenté des symptômes très généraux tels qu'une perte d’appétit, de l’abattement ou encore un plumage ébouriffé. La mort survient généralement en 24 ou 48 heures sur parfois près de 90 % de l’effectif présent! La forme suraiguë de la maladie de Newcastle et l'influenza aviaire ("grippe aviaire") sont cliniquement indiscernables. Pour savoir quelle maladie sévit dans l'élevage des analyses complémentaires de laboratoire devront être conduites.
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Une forme aiguë qui permettra de mettre en évidence des symptômes respiratoires (jetage, éternuements, difficultés respiratoires etc.), des diarrhées parfois importantes, des troubles nerveux (tremblements, paralysies, pertes d’équilibre etc.), une chute de ponte et un œdème de la crête et des barbillons. Ces symptômes peuvent ne pas être présents simultanément et leur association peut être variable. L’évolution se fait soit vers la mort des animaux malades, soit vers une convalescence le plus souvent associée à d’importantes séquelles nerveuses.
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Une forme chronique évoluant plus lentement que la précédente et de façon moins marquée avec le plus souvent principalement des symptômes respiratoires.
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Enfin, des cas d’évolution asymptomatique sont également décrits
symptômes
- Les premiers signes de la maladie sont une drastique diminution de la production d’œufs,
- des œufs présentant des malformations avec une coquille fine, voire inexistante et une
- diarrhée du couleur jaune-verdâtre.
Si la maladie se propage rapidement dans l’effectif, on observe la mort d’un grand nombre d’animaux qui ne présentent pas de symptômes cliniques visibles. Le taux de mortalité peut atteindre les 100%.
Si le cours de la maladie est légèrement retardé, les signes suivants dominent: fièvre, apathie marquée, manque d’appétit, plumage hirsute, des symptômes respiratoires graves (dyspnée avec respiration par le bec, toux, éternuements), paupières tuméfiées et crête cyanosée.
A partir de la deuxième semaine de maladie, on observe chez les animaux survivants des signes consécutifs au dysfonctionnement du cerveau et des nerfs de la colonne vertébrale comme des paralysies des jambes ou des ailes et une posture anormale du cou (torticollis).
Maladie de Newcastle chez le poulet : troubles nerveux, prostration, diarrhée
Poulets présentant un torticolis
Maladie de Newcastle chez la poule :
œufs décolorés, déformés et de petit calibre
Les lésions pathologiques-anatomiques caractéristiques sont des pétéchies dans le
proventricule (« boutons »), des hémorragies du tissu lymphatique du cæcum et des follicules ovulaires qui collapsent.
Maladie de Newcastle chez le poulet : trachéite hémorragique
Maladie de Newcastle chez le poulet :
hémorragies du proventricule
Maladie de Newcastle chez le poulet :
lésions hémorragiques ponctiformes de la muqueuse du proventricule
Maladie de Newcastle chez le poulet : trachéite
hémorragique Ovarite hémorragique chez une poule
Comment prévenir l'infection dans les élevages
L'objectif des différentes stratégies de prévention de la ND est de prévenir l'apparition ou de limiter les conséquences cliniques et économiques de la maladie, en évitant le contact par des mesures de biosécurité et/ou en renforçant la résistance à l'infection des oiseaux sensibles par la vaccination. A l'heure actuelle, les vaccins commerciaux les plus fréquemment utilisés sont des souches virales atténuées (vaccins « vivants ») de virulence nulle (souches apathogènes), faible (lentogènes) ou modérée (mésogènes). Des vaccins inertes sont également employés. Les programmes de vaccination varient néanmoins fortement d'un pays voire d'un élevage à l'autre. Classiquement, la bonne prise vaccinale est vérifiée par la réponse humorale des volailles. Cependant, le niveau de protection induit par la vaccination n'est pas toujours directement corrélé au taux d'anticorps circulants et dans les conditions de terrain, les programmes de vaccination actuels ne protègent pas, ou peu, contre l'excrétion de virus sauvage. En effet, l'efficacité vaccinale est fortement affectée par la présence chez les jeunes animaux d'anticorps maternels en quantité variable selon l'élevage, le lot de poussins et l'individu. Enfin, les souches vaccinales sont phylogénétiquement éloignées des souches virulentes circulantes. Ainsi, de nouveaux candidats vaccins, moins sensibles aux anticorps maternels et plus proches génétiquement des souches circulantes sont investigués en laboratoire afin d'améliorer l'efficacité des vaccins commerciaux conventionnels, tandis que de nouveaux outils de mesure de l'immunité sont développés pour une meilleure définition des mécanismes de protection induits par la vaccination.
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