Le pâturage pour séquestrer du carbone : Le couple herbe/bovins, c’est du propre !

Catégorie : Bulletin Technique Publication : dimanche 4 décembre 2016

Les ruminants en général et les bovins en particulier sont de plus en plus souvent mis en accusation pour leurs émissions de méthane, un gaz à effet de serre (GES) contributeur du réchauffement climatique. Il serait presque écologiquement incorrect de consommer de la viande de boeuf !

C’est ignorer que le stockage de carbone par les prairies contrebalance les émissions de GES. Y compris par les prairies temporaires.

Car il s’agit bien d’un bilan à aborder d’une manière dynamique. « Depuis sept ans, introduit Jean-Baptiste Dollé, responsable du service environnement à l’Institut de l’Elevage, nous avons élargi nos travaux aux questions liées au changement climatique. »

Une méthode d’évaluation de l’empreinte carbone nette a été élaborée à partir des données des Réseaux d’Elevages, issues de quelque 550 élevages bovins. Aux émissions de l’exploitation sont soustraits les volumes stockés dans les prairies.

Et le résultat est pour le moins intéressant : en élevage allaitant, où la part de l’herbe est la plus importante, le stockage carbone sous les prairies et les haies peut compenser de 60 à plus de 100 % des émissions de méthane produit par les animaux. « Le stockage lié à chaque hectare de prairie est de 500 kg de carbone par an, quel que soit le type de prairie. Le déstockage lié au retournement d’une prairie est de 1 000 kg de carbone. Ces valeurs font maintenant consensus », souligne le responsable du service environnement de l’institut.

Des données qui battent en brèche une idée reçue selon laquelle les prairies temporaires ne contribueraient pas au stockage du carbone. En effet, une prairie temporaire offre sur quatre ans un solde positif de 1 000 kg : 4 années de stock carbone de 500 kg, moins 1 000 kg lors du retournement de la prairie.

Evaluer l’impact des pratiques pour mieux les expliquer

De nombreux leviers peuvent être actionnés : allonger le temps de présence des animaux dans les prairies et la durée des prairies temporaires ; favoriser l’apport d’engrais organiques plutôt que minéraux ; implanter des légumineuses ; des prairies multi-espèces ; favoriser le pâturage plutôt que la fauche… « Chaque levier peut apporter une amélioration de 1 à 10 %. Certains en sont au stade de la recherche, d’autres déjà largement développés. Mais, au total, sans modifier radicalement les modes de production ni compromettre l’économie de l’élevage, ce sont 5 à 15 % de réduction qui peuvent être réalisées ».

« Au-delà du stockage carbone, les prairies contribuent également à réguler les cycles de l’eau, à la qualité des paysages et à la biodiversité, poursuit Jean-Baptiste Dollé. Une prairie monoespèce très fertilisée aura un profil moins positif sur la biodiversité de la faune et la flore qu’une prairie multiespèces correctement fertilisée, surtout si elle l’est avec de l’azote organique ou en intégrant des légumineuses. »

Des travaux sont en cours pour évaluer l’impact des pratiques agricoles sur le bilan carbone, la biodiversité, la qualité de l’eau… Afin de disposer d’indices pour mieux conduire les exploitations, mais aussi pour apporter des contributions factuelles aux débats avec la Société.

Source : Le Gnis

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